Connaissez-vous les voitures Luc-Court ? – partie 1

Luc Court est un ingénieur lyonnais ayant fondé sa propre marque d’automobiles, autocars et camions légers. Sa production va s’étendre de 1899 à 1950 mais elle ne fut jamais importante. Les véhicules Luc Court étaient appréciés pour leur solidité, leur ligne agréable et leur innovations techniques. Retour sur les débuts de l’aventure !

Un électricien très doué

Né à Renage (Isère) en 1862, Luc Court est diplômé de l’École Centrale de Lyon en 1883. Il se montre passionné par les nouvelles applications de la science, en particulier l’électricité et les divers débouchés qui s’y rattachent. En 1892, il fonde sa propre affaire de fabrication d’accumulateurs électriques à Lyon, rue Vauban, dans le quartier des Brotteaux. Il réalise ainsi les premières installations d’éclairage urbain dans plusieurs villes, ainsi que des systèmes de lampes à arc pour l’éclairage des grands magasins. En 1898, l’essor rapide de son entreprise le pousse à déménager un peu plus loin, rue Robert, où il dispose de 3000 m² d’ateliers.

Luc Court invente et innove sans cesse : en 1897, il réalise un moteur électrique triphasé à champs tournants et met en place des moteurs électriques industriels pour les usines. Il s’intéresse aussi à la manutention mécanique dont il deviendra un des tous premiers spécialistes. L’entreprise fabrique des palans, treuils de levage, ponts roulants, monte-charges, etc. Ce secteur d’activité va perdurer jusqu’en 1972.

Le tournant de l’automobile.

D’un tempérament curieux de tout, Luc Court ne pouvait rester indifférent à l’essor des véhicules automobiles. Fin 1897, il entreprend les études préliminaires d’une voiture à moteur électrique mais il opte finalement pour une motorisation à essence. Dans la foulée, il dépose plusieurs brevets, notamment pour les transmissions et les changements de vitesses : il est d’ailleurs le premier à déposer un brevet pour un système de marche arrière ( Brevet n°273-841 du 6 janvier 1898), qu’il va améliorer en 1900.

Enquête dans nos archives Luc Court.

L’automobile n°1 voit le jour en 1899. Elle est équipée d’un moteur bicylindres 6 CV à essence, de conception Luc Court et d’une boîte 2 vitesses. Selon la feuille descriptive des Mines (28 juillet 1899), « Le moteur tourne à 750 tours par minute : à cette vitesse, la boîte à engrenages permet d’atteindre 8 km/h ou 23 km/h (…). Au moyen de la pédale et d’un mécanisme à crémaillère, on peut faire tourner cette boîte autour de l’axe de l’arbre différentiel, dans un sens ou dans l’autre, produisant la marche avant ou le recul de la voiture ». La voiture pèse 800 kilos.

Luc Court sort la voiture n°2 – type B, un an plus tard (octobre 1900). Un peu plus légère que son ainée, elle pèse 700 kilos. Le moteur est toujours un bicylindres mais le principal progrès réside dans la transmission : la « boîte à engrenages » de la voiture n°1 évolue en une boîte pourvue d’un carter étanche « toujours garni d’huile et assurant ainsi le graissage de ses organes ». Chose rare, c’est une boîte à 4 vitesses, qui s’échelonnent entre 9 – 14 – 19 et 30 km/h. D’après la feuille descriptive des Mines du 25 janvier 1901, « La marche arrière s’atteint par interposition d’un pignon entre deux engrenages de marche avant ».

Concernant la conduite, notons que le changement des vitesses s’effectue au moyen d’un dispositif de 4 boules montées sur croisillons et judicieusement placé sous le volant. Luc Court fait ainsi preuve d’un d’un réel souci d’ergonomie et d’accessibilité aux commandes. cette qualité sera une constante dans les véhicules de la marque.

L’automobile type V2 est mise au point en octobre 1901. C’est la première voiture destinée à être produite en petite série. Cette fois-ci, le moteur bicylindres est placé à l’avant. La boîte est à cinq rapports : une première pour l’époque !

Ce système ne sera pas concluant puisque qu’en 1904, Luc Court va modifier la boîte qui passera de 5 à 4 vitesses. Autre détail notable, La V2 est mue par une transmission à cardan alors que la transmission par chaînes sera préférée pour les prochains modèles de la marque.

Photos du premier châssis V2, carrossé en victoria. Sur le cliché du milieu, Luc Court salue le photographe. Sur la vue de droite, le petit Paul Court tient le volant.

Le banc d’essais des courses de côtes

Pour établir la renommée de la marque, Luc Court engage ses premières automobiles dans plusieurs compétitions régionales (course de côte de Laffrey, course de côte de Limonest, du Forez, du Mont Ventoux…).

Lors de la première course de côte du Mont Ventoux en 1902, une voiture Luc Court termine 3eme de la catégorie « voitures légères », Chrono : 21 km sur 1612 m de dénivellation, en 1h 18 min.

Un concentré d’innovations

Luc Court est avant tout un inventeur. Il met au point et perfectionne tous les éléments de ses véhicules, faisant ainsi progresser la technique automobile sur le chemin de la modernité et de la fiabilité. Entre 1898 et 1921, il déposera pas moins de 24 brevets. Dès 1905, les voitures de la marque sont équipées – au choix – de moteurs 2 ou 4 cylindres et dotées de carburateurs Minimax à gicleurs multiples… inventés par Luc Court, lui-même.

Parmi ses inventions, on peut citer aussi :

• Le pont arrière en tôle emboutie (1906), généralisée par la suite par l’ensemble des constructeurs automobiles.
• Le moteur à soupapes d’admission et d ’échappement superposée (1907)
• Dispositif de carter étanche à démontage instantané autour des chaines de transmission (1910)

Les automobiles Luc Court jusqu’en 1914

Le constructeur étoffe peu à peu sa gamme. Même s’il reste encore un fabricant modeste, ses modèles, pratiques et de finition parfaite, se vendent bien. En 1908, l’entreprise change de dénomination sociale et devient une société anonyme, mais le patronyme familial demeure.

Un châssis en deux partie

Ayant acheté en 1905 le brevet de l’ingénieur Lacoin, Luc Court propose un châssis démontable en deux parties sur son modèle 18/24 HP. Objectif : changer de carrosserie selon l’utilisation. Si l’on en croit la publicité, l’assemblage n’excèderait pas trois minutes, ce qui paraît, pour le moins, très optimiste ! Cette option n’aura pas un grand écho auprès des acheteurs.

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